Manager, un métier en pleine mutation

Manager, un métier en pleine mutation

Publié le 12/07/2023

La crise de sens dont on parle tant en ce moment ne trouvera pas ses réponses dans des tours de passe-passe managériaux mais dans la consistance, la réflexion et l’accompagnement de ce mouvement.

Personne ne vit la même chose, mais tout le monde est témoin de mêmes mouvements.

Tant que le travail était « le centre » de la vie, couplé ces dernières années à la quête de bonheur et de réussite sociale, il était tout à fait logique de parier que le bonheur se trouvait au bout du chemin et donc d’y investir un temps et une énergie importante. Le problème, c’est que cela a créé assez mécaniquement en réponse une forme de radicalité à « rejeter » ce travail vu comme système aliénant à un modèle de société qui n’est plus…ou plus tout à fait pareil.

A partir du moment où le travail devient un élément de plus, un sous-élément de la Vie, et qu’il n’est plus « le centre d’une vie réussie », il est tout à fait logique de le regarder avec de nouvelles lunettes : engagement dans le travail et autres investissements temps (soir, weekend) du travail masqué ne sont que le reflet de ce mouvement profond, durable, d’un changement des attentes d’une partie de plus en plus importante de la société active et des générations qui arrivent.

Rien de grave mais cela soulève la question sur ce que l’on fait réellement au travail en interrogeant finalement trois sujets : le sens de ce que l’on fait, le contenu du travail et les conditions dans lesquelles il se fait.

Pour le management, un des grands enjeux est de savoir s’emparer de ces sujets pour éviter de taper à côté, et d’être usé par la fatigue et la lassitude à toujours répéter les mêmes choses.

Fatigue de faire et refaire, faire et défaire. Lassitude à entendre des discours censés (sensés ?) donner du sens mais qui souvent manquent de réalisme.

Ce phénomène porte en germe un risque de grande lassitude du management qui, épuisé de devoir faire, refaire, défaire, finira par lâcher prise petit à petit… comme une forme de démission passive. Démission non pas dans les faits, même si le métier n’attire plus tant que cela, mais démission dans la tête. Il est vrai qu’il est compliqué de répondre à ses grands enjeux quand soi-même on y est confronté, et que l’entreprise n’a pas travaillé suffisamment son propos, son raisonnement, le sens des efforts qu’elle demande encore et toujours. Aller en formation, faire du CODEV, des groupes de paroles, se faire coacher, tout ceci est nécessaire pour affronter les défis du management. Mais parfois, juste pouvoir souffler, être reconnu dans ses difficultés, écouté quant aux situations insolubles qu’on rencontre, c’est aussi efficace que le reste.

Ecrire cette phrase est une « tarte à la crème » mais, les attentes et les enjeux liés au management sont profondément en train de changer. La raison ? L’expérience collective mondiale de la crise COVID-19 et ses enseignements à postériori que chacune et chacun tire de son expérience et de sa vision du monde.

Manager aujourd’hui n’a en fait plus grand-chose à voir avec ce qui était manager avant et pourtant, ce sont sur les « fondamentaux » que la transformation s’opère c’est-à-dire, sur le quotidien et ses transactions très « basiques ». Et comme les outils qui ne manquent ni dans la littérature, ni dans les modes et tendances managériales, personne ne peut dire qu’il est dépourvu face à l’offre hyper riche de solutions miracles pour « béquiller » les managers.

Mais, les managers concernés ne s’y trompent jamais et, les sujets qui ressortent inlassablement sont les grandes questions de fond qu’ils se posent et auxquelles ils doivent répondre. Car au fond, c’est bien le fond du sujet qui pose question, et pas tel ou tel outil de management.

Toutes ces questions deviennent le socle de travail du management qui en bout de chaîne, subit de profondes secousses.

L’un des enjeux fort du management aujourd’hui est de piloter l’activité en la passant au tamis de ces sujets qui préoccupent les salariés. Cela nécessite donc de pouvoir y réfléchir (pour soi d’abord), d’ensuite confronter ses idées, et de savoir les expliquer pour enfin rendre tout cela concret. 

La politique managériale doit répondre à cette attente d’honnêteté et d’authenticité qui atténue le sentiment de méfiance et de défiance à l’encontre des institutions, des systèmes.

N’oublions jamais plus que les salariés sont avant tout des citoyens… l’histoire des grandes révolutions sociales et des grandes grèves nous le rappelle souvent.

Nous sommes convaincus que le management revêt une dimension profondément politique, qu’on le veuille ou non et que nos managers doivent apprendre s’en emparer, dans l’espace du travail. Il y a une réelle gêne (pour ne pas dire souffrance parfois) dans le management aujourd’hui, qui est liée à ce point.

Manager, c’est forcément être « du côté » de la hiérarchie, donc du système, donc des méchants. Si ce raisonnement est simpliste, il est vécu, réel et n’oublions pas que derrière les belles apparences se cachent souvent des réalités plus dures.

Beaucoup de managers qui étaient venus au management par leur expertise se retrouvent aujourd’hui confrontés à des enjeux auxquels ils n’étaient vraiment… mais alors vraiment pas préparés.

Nous entrons dans une ère où le contrat social de l’entreprise est extrêmement regardé et attendu, et où l’ensemble des managers des entreprises et des instituions doivent apprendre à parler juste, parler vrai et agir en acteur responsable.