La Charge de Travail : un enjeu crucial et trop souvent négligé pour les managers

 « 25 % des salariés jugent leur charge de travail excessive, et 60 % estiment que leur charge a augmenté ces dernières années ». Ces chiffres ne sont pas de simples statistiques ; ils reflètent une réalité vécue par un nombre croissant de travailleurs. Il est impératif de briser le tabou qui entoure la charge de travail en entreprise et d'ouvrir un dialogue honnête et constructif sur ce sujet crucial. 

La Charge de Travail, c'est quoi exactement ? 

La charge de travail ne se limite pas à une simple question de quantité. Elle englobe également la qualité du travail, la complexité des tâches, le niveau d'autonomie, les relations avec les collègues et la direction, et l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. 

Une charge excessive peut entraîner du stress, de l'épuisement professionnel, des problèmes de santé physique et mentale, et une baisse de la productivité. À l'inverse, une sous-charge peut engendrer de l'ennui, un sentiment d'inutilité et une perte de motivation. 

La charge de travail est une question d'équilibre fragile entre les attentes, les prescriptions et les moyens dont disposent les collaborateurs (trices)  pour y répondre. 

Les accélérateurs de la surcharge. 

6 grands facteurs contribuent à l'augmentation de la charge de travail et méritent d’être regardés dans l’entreprise :

1. Accélération des transformations organisationnelles : les restructurations, réorganisations, fusions se succèdent à un rythme effréné, créant de l'incertitude et de l'instabilité.      
2. "Data-isation" à outrance et ultra reporting : la collecte et l'analyse de données sont devenues omniprésentes, générant une surcharge informationnelle et une pression accrue sur les collaborateurs (trices).
3. Le management déshumanisant et la standardisation des processus : la recherche obsessionnelle de l'efficacité et de la productivité peut conduire à une intensification du travail et à une perte de sens.   
4. Surcharge informationnelle constante : les employés sont bombardés d'informations provenant de multiples sources (e-mails, messageries instantanées, réseaux sociaux, etc.), ce qui rend difficile la concentration et la priorisation des tâches. 
5. Perte de sens au travail : de nombreux collaborateurs (trices) ont du mal à trouver un sens à leur travail, ce qui peut entraîner une perte de motivation et un sentiment d'aliénation.   
6. Aspiration légitime au bien-être : les équipes sont de plus en plus conscientes de l'importance du bien-être au travail et exigent des conditions de travail qui respectent leur santé physique et mentale. 

Un cadre légal renforcé, mais encore insuffisant.

L'accord du 8 août 2016 sur le forfait jours et la jurisprudence qui en découle soulignent l'obligation de l'employeur de suivre la charge de travail des salariés en forfait jours. L'employeur est responsable du contrôle et de la régulation de la charge de travail du salarié, compte tenu de son obligation de santé/sécurité. 

La charge est-elle compatible avec les temps de repos ?

Relève également de la responsabilité de l'employeur, le droit à la déconnexion et son effectivité. Pourtant, le droit à la déconnexion reste trop souvent un vœu pieux. 

Agir, C'est Possible !

Il est impératif de passer d'une "charge subie" (non mesurée, non négociée, non pilotée) à une "charge maîtrisée". Cela passe par une compétence collective, impliquant l'organisation, le management et l'ensemble des équipes. Il devient nécessaire d’objectiver, négocier, ajuster et piloter la charge.