Le tutorat, réponse concrète aux attentes d’une génération

Le tutorat, réponse concrète aux attentes d’une génération

Publié le 10/06/2025

80 % des jeunes actifs de 16 à 30 ans déclarent vouloir continuer à travailler, même sans contrainte financière. Ce chiffre, issu de la récente étude de l’Institut Montaigne (Les jeunes et le travail – avril 2025), tranche avec les discours dominants sur une jeunesse désengagée ou « en retrait ». Pourtant, cette même enquête révèle que 66 % d’entre eux constatent un écart entre leurs aspirations et la réalité de leur emploi. 

Ce paradoxe, entre envie d’engagement et sentiment de décalage, est au cœur d’une fracture silencieuse. La vraie question n’est pas « les jeunes veulent-ils travailler ? », mais dans quelles conditions souhaitent-ils le faire. Et surtout : comment les accompagner pour ne pas transformer ce décalage en désenchantement durable ? 

Des attentes fortes : reconnaissance, équilibre, bien-être 

L’étude met en lumière trois exigences centrales chez les jeunes : 

  • une rémunération suffisante, pour garantir leur indépendance, 
  • un équilibre entre vie professionnelle, personnelle et scolaire, souvent absent dans les premiers emplois, 
  • une relation au travail fondée sur le respect et la reconnaissance, où le stress émotionnel ne soit pas la norme. 

Ce que refusent de plus en plus de jeunes, ce n’est pas le travail, c’est l’idée d’un monde professionnel qui les abîme ou les réduit à une fonction. 

Le tutorat, levier clé de réconciliation entre aspirations et terrain 

Face à ces attentes, les politiques RH cherchent à trouver des réponses concrètes. C’est là que le tutorat peut – et doit – jouer un rôle majeur. À condition de sortir d’une vision réduite à l’accueil ou à l’encadrement technique. 

En tant qu’expert du tutorat, je défends une approche plus profonde, fondée sur trois convictions clés :

  1. Le tutorat, c’est d’abord une relation de partage : Le lien entre un jeune et son tuteur n’est pas un rapport hiérarchique. C’est un partenariat fondé sur la confiance et l’échange. Un bon tuteur partage son expérience, ses erreurs, ses doutes. Il ne cherche pas à imposer, mais à accompagner en miroir, en aidant le jeune à se construire une identité professionnelle solide, alignée avec ses valeurs. -
  2. Le tutorat, c’est veiller au bien-être dans la durée : Le stress est aujourd’hui le deuxième critère d’évaluation des conditions de travail pour les jeunes. Loin d’être anecdotique, le bien-être devient une condition d’engagement. Le tuteur est souvent le premier à pouvoir détecter les signaux faibles, à ouvrir un espace de parole, à alerter ou à rassurer. Il est un point d’ancrage humain dans un environnement parfois trop impersonnel.
  3. Le tutorat, c’est structurer la montée en autonomie : Être tuteur, ce n’est pas « aider quand il y a un problème », c’est guider dans le temps. Cela implique des rituels réguliers, une méthodologie claire, des mises en situation sur le terrain, un cadre rassurant qui donne progressivement au jeune les clés pour devenir autonome. C’est une pédagogie de la confiance. 

Faire du tutorat une mission stratégique 

Dans un monde où la fidélisation des jeunes talents devient un enjeu critique, le tutorat n’est plus une option. Il est un investissement stratégique.  

Il faut reconnaître cette mission, former les tuteurs, leur donner du temps et des outils. Il faut en faire un axe structurant de l’intégration et du développement des jeunes. Car former, ce n’est pas que transmettre des savoirs, c’est aussi transmettre une culture.

Les jeunes n’ont pas déserté le travail. C’est à nous, de ne pas déserter leur accompagnement.   

Lydie ATTIOGBÉ
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Lydie ATTIOGBÉ

Douze ans d’expériences en gestion et conception de projets Digital Learning dans divers secteurs : grande distribution, entreprise du numérique (ESN), aéronautique, automobile, pharmaceutique,...

Certification :
- Master 2 Ingénierie Pédagogique Multimédia
- CPFFP Animation de groupe en formation professionnelle

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