La force des émotions dans le management

La force des émotions dans le management

Publié le 06/05/2016
Par Mohamed El Khayari

Le dernier article posté sur le blog de Kronos traitant du management émotionnel se terminait par l'affirmation suivante : « L’intérêt de cultiver le management émotionnel est de la sorte démontré, en particulier pour ceux qui ne jurent que par les chiffres et les tableaux de données. Il ne vous reste par conséquent plus qu’à vous y mettre… Enfin, si vous le « sentez ou ressentez» ! »

Alors, quid de ces Emotions dans le Management des entreprises ?

shutterstock_264387620Que faire : les cacher ? Elles finiront par ressortir. Les éviter ? Elles sont inévitables de fait, sauf à supprimer l’Homme de l’entreprise… le remplacer par des robots ?... Puisque l’idée de faire de chaque employé un être 100 % rationnel n’est ni réaliste, ni souhaitable d’ailleurs, l’enjeu est donc de transformer le management en actes émotionnels.

Manager émotif NON, management émotionnel OUI !

D’un côté, les managers ont souvent l’impression que le comportement rationnel est le plus vertueux : Il permettrait d’être équitable, d’éviter le "copinage", de rester droit dans ses bottes. D’un autre côté, on « critique » les patrons qui utilisent largement la palette de leurs émotions : Richard Branson, Xavier Niel, etc. Derrière cette apparente schizophrénie se cache une confusion : On peut avoir un management émotionnel sans devenir un manager émotif ! Être un manager émotif, c’est se laisser aller à ses émotions. Ces émotions-là, quelles qu’elles soient, sont contre-productives, car elles ne sont pas l’expression d’une détermination, mais de l’état d’esprit du moment. Elles génèrent de l’incompréhension, du favoritisme, du stress. Elles doivent être canalisées à la manière de l’acteur de théâtre : ils doivent laisser leurs propres émotions au vestiaire pour ne laisser transparaître que celles du personnage qu’ils incarnent. Avoir un management émotionnel, c’est indispensable : l’enthousiasme, la conviction, la confiance, le courage. Mais aussi des émotions moins nobles : la peur, la colère, l’indignation, la préoccupation, l’appréhension, le doute, la tristesse. Toutes les émotions sont utiles, à partir du moment où elles sont choisies, domptées, utilisées pour donner du sens et pour mobiliser les équipes.

Pourquoi utiliser l’émotion en Management ?

L’émotion est la différence entre nous et le légume. Ce n’est pas nous qui le disons, mais les chercheurs en neurosciences. Sans émotion, nous ne savons pas prendre de décisions et nous sommes incapables de créer des liens sociaux. Exprimer des émotions, les siennes et celles des autres, c’est donc d’abord entrer en lien avec l’autre, l’aider à s’intéresser, à comprendre, à décider ou à adhérer. Tout ce que l’on a du mal à obtenir sur des projets de changement notamment. L’émotion, c’est aussi donner envie d’agir. Donner du sens c’est très bien, mais on ne mobilise pas sur un projet seulement parce qu’il est compris, cela ne suffit pas. Nous voyons tous les jours des managers qui portent des projets de changement à leurs équipes : ceux qui réussissent ne sont pas les plus intelligents ou les plus rigoureux, ni même les plus inventifs, mais ceux qui mettent leurs tripes en jeu, qui montent "sur le tonneau avec le haut-parleur" et donnent envie par leurs émotions. L’émotion, elle est là de toute façon. Ne pas les exprimer est un leurre, car tout trahit vos émotions et vous ne pouvez pas tout maîtriser : une posture, un geste avec votre stylo, un regard, une mimique… Devant un public vous êtes un livre ouvert. Ne pas vouloir exprimer vos émotions, c’est donc laisser le champ libre à l’émotif, à tous ces "signaux faibles". La meilleure façon de ne pas être émotif, c’est d’exprimer des émotions de façon choisie, volontaire, simplement, mais fortement.

Un seul (?) conseil que l’on peut, peut-être, se donner :

Soyons authentiques !

Il n’y a pas de méthodologie pour exprimer les bonnes émotions au bon moment : les émotions les plus efficaces sont d’abord authentiques. Mieux vaut être sincèrement dans le doute (et donc montrer son humanité, ses limites…) que sans émotion ou artificiellement confiant. De toute façon, l’artifice se verrait d’une manière ou d’une autre ; l’émotion sans authenticité est pure manipulation, et souvent démasquée. Après, vous devez travailler sur vos émotions, voir comment elles coïncident avec votre projet et les utiliser pour donner de la force à votre message. Certains diront, non sans raison, que cela aussi relève de la manipulation. Mais quand la manipulation consiste à assumer la réalité, voire sa propre vulnérabilité, pourquoi ne pas la considérer honnête et utile à l’action managériale. Elle est alors un outil efficace pour influencer avec intégrité. Et vous, vous en pensez quoi ? Mohamed